Le Cesaria Evora Orchestra en région parisienne !

Le 4 juin prochain, la première du Cesaria Evora Orchestra se représentera pour la première fois à la Marbrerie à Montreuil (93). Pour l’occasion, Teofilo Chantre nous a offert une interview exclusive.

Cap Magellan : Bonjour Teofilo Chantre, j’espère que vous allez bien.  Vous êtes auteur-compositeur et interprète né au Cap-Vert. Vous vous êtes fait connaître grâce à vos compositions pour la célèbre Cesaria Evora. Vous êtes un artiste qui a su allier tradition, modernité tout en restant fidèle aux sonorités capverdiennes. Aujourd’hui vous faites partie de l’orchestre Cesaria Evora. Comment avez-vous rejoint l’aventure ?

Teofilo Chantre : J’ai composé pour Cesaria et je l’ai accompagné pendant presque toute sa carrière internationale. C’est logiquement que j’ai été sollicité pour faire partie de cet orchestre après son décès dans le but de lui rendre hommage. Au départ c’étaient des concerts plutôt ponctuels mais vu le succès rencontré et la demande de tout son public qu’elle avait laissé, nous avons décidé de pérenniser ce projet et d’inviter beaucoup de jeunes à nous rejoindre, notamment des jeunes chanteuses, pour essayer de transmettre la musique de Cesaria et tout ce qu’elle pouvait apporter.

CM : Pourquoi était-ce si important pour vous de rejoindre l’orchestre de Cesaria Evora ?

Teofilo Chantre : Pour moi c’est important parce que je dois beaucoup à Cesaria. C’est grâce à elle et à son succès que j’ai pu faire une carrière de mon côté. C’est donc par reconnaissance et par besoin de faire vivre tout ce répertoire qu’elle a enregistré.

CM : Qu’est-ce qu’elle représente pour votre carrière musicale exactement ?

Teofilo Chantre : Je pense qu’elle représente une grande partie de ce que je fais maintenant, parce qu’elle m’a aidé à en faire un métier et à pouvoir vivre de ma musique. Au départ, j’étais un amateur, j’ai commencé dans ma petite chambre, comme beaucoup d’adolescents, à faire de la musique par simple plaisir. C’est sa rencontre qui m’a permis ensuite d’en faire une profession et m’a donné la chance de pouvoir m’exprimer, de rendre public ce que j’avais en moi.

CM : Vous avez collaboré avec Cesaria Evora pour son album Miss Perfumada. Comment cette collaboration a-t-elle eu un impact sur votre carrière ?

Teofilo Chantre : Avant ma rencontre avec Cesaria, j’avais déjà eu la chance de participer à un concours de chansons lusophones où j’avais remporté un deuxième prix. Je me suis fait un peu connaître dans le milieu lusophone français. Je ne rêvais pas d’en faire un métier, de continuer à faire de la scène. A l’époque, j’étais encore à l’université, je finissais mes études. Au moment où j’ai fini mes études, Cesaria est rentrée dans ma vie, donc elle m’a permis de continuer dans la musique. Elle a vraiment eu un rôle très important.

CM : Quel est le souvenir le plus marquant que vous avez avec Cesaria Evora ?

Teofilo Chantre : Il y a beaucoup de souvenirs marquants. J’ai eu la chance de me retrouver avec elle sur scène quelques fois. Soit je faisais des duos ou j’ai aussi souvent fait ses premières parties quand j’avais un nouveau disque. Ces souvenirs de rencontres sur scène, de tout ce qu’il y avait autour, des voyages que nous avons fait lors de tournées et beaucoup d’histoires que nous nous racontions, sont les plus marquants. Cesaria était quelqu’un qui aimait beaucoup les anecdotes, donc elle nous racontait volontiers ce qui lui arrivait et nous partagions des tranches de vie comme ça.

CM : La morna est une musique empreinte de saudade. Comment parvenez-vous à traduire ces émotions dans vos compositions ?

Teofilo Chantre : Je ne sais pas si je pourrais expliquer ça, mais je pense que la saudade est un sentiment que nous avons en nous. Cela s’exprime de façon spontanée. Nous avons juste à puiser dans ce que nous avons, dans notre histoire parfois personnelle ou dans notre rapport avec le monde. Il faut être plutôt attentif et sensible à nos sentiments pour les aider à sortir de nous. 

CM : En 2013, vous avez partagé la scène avec le duo Calema lors du gala de l’Hôtel de Ville de Paris sur une programmation de Cap Magellan. Aviez-vous pressenti leur succès ?

Teofilo Chantre : Je savais qu’ils allaient aller très loin, mais je n’aurais jamais imaginé qu’ils auraient atteint un tel stade de notoriété et de succès. Je suis très heureux pour eux parce que ce sont des garçons très sympathiques. Nous avons eu de très bonnes relations. J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir.

CM : Je rappelle que vous jouez Césaria Evora Orchestra à la Marbrerie à Montreuil le 4 juin prochain. Auriez-vous quelque chose à dire pour convaincre les jeunes de venir voir ce magnifique spectacle ?

Teofilo Chantre : Pour tous ceux qui aiment Césaria et qui n’ont pas eu la chance de la voir sur scène, c’est l’occasion de transmettre un peu de cette ambiance que pouvaient avoir les concerts de Césaria, en respectant les chansons qu’elle a chantées, en reprenant les arrangements quasi à l’identique, mais bien sûr avec notre touche à nous. Je pense que c’est très important qu’ils viennent pour soutenir ce projet. Nous faisons en sorte que tout le monde passe un bon moment. Je pense qu’ils vont aimer d’être au concert.

CM : Est-ce que vous avez de nouveaux projets à venir ?

Teofilo Chantre :J’ai un nouvel album qui est sorti il y a quelque temps, Emocionalmente. Je suis dessus. Bientôt, je vais aller au Cap-Vert pour tourner quelques vidéos de quelques chansons de cet album.

CM : Pour terminer, la dernière question : est-ce que vous aurez un message pour les jeunes lusodescendants ?

Teofilo Chantre : Il ne faut pas oublier leurs racines, leurs origines. C’est très important de savoir d’où l’on vient. Je sais que les lusodescendants sont des gens qui s’intègrent très bien en même temps. Donc, ce rapport aux origines reste quand même très important.

CM : Merci beaucoup Teofilo Chantre ! Nous avons hâte de voir la suite.

Nous vous invitons à prendre vos places pour le Cesaria Evora Orchestra sur le site de la Marbrerie.

Vous pouvez également suivre Teofilo Chantre sur ses réseaux sociaux : site, Instagram, Facebook, YouTube.

Interview réalisée par Camille Vaz Folia

et Julie Carvalho, de Os Cadernos da Julie.

Publié le 2/06/2025