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2 juin 2025Carlos G. Lopes est un artiste franco-capverdien. Il danse, chante, compose et en 2023, il a sorti son album Azul. Aujourd’hui, il est là pour nous parler du Kooltura Festival qui se déroulera au Théâtre de Verdure de Nice le 25 mai 2025.
Cap Magellan : Bonjour Carlos, j’espère que tu vas bien. Peux-tu nous présenter le Kooltura Festival ?
Carlos G. Lopes : Pour les 50 ans de l’indépendance du Cap-Vert, nous trouvions qu’il était intéressant d’avoir un festival qui nous ressemble dans la ville de Nice. Il y a beaucoup de Capverdiens et de nombreuses communautés lusophones mais il n’y a pas de festival de ce genre. Nous voulions faire une révolution symbolique, créer un festival qui nous ressemble et c’est pourquoi nous l’avons appelé Kooltura Festival. La première édition aura lieu le dimanche 25 mai à Nice.
CM : Tiens-tu un rôle particulier dans l’organisation du Kooltura Festival ?
Carlos G. Lopes : Je suis membre de l’organisation du festival. Je fais partie de ceux qui sont à l’initiative de ce projet, avec David Benaroche, le restaurant O Cap et un autre chanteur capverdien, Mika Mendes.
CM : Quel est ton rôle au sein du festival ?
Carlos G. Lopes : Nous nous sommes réunis et nous nous sommes dit qu’il fallait que nous fassions quelque chose tous ensemble. Nous avons d’abord dû trouver le nom du festival, faire sa programmation tous ensemble, penser au lieu. C’est à ce moment-là que David Benaroche nous a proposé, par le biais de son association Imago Records, de le faire au Théâtre de Verdure. Nous avons tous participé à la création de ce festival.
CM : Comment s’est fait le choix des artistes ?
Carlos G. Lopes : L’idée était de mélanger les générations mais surtout de faire quelque chose de très actuel. C’est pourquoi nous avons des artistes comme Neyna, MC Aconze et Big Z. Je serai là pour le côté traditionnel. Il y aura aussi des Batucaderas, un groupe de batuc. Notre idée est de faire un festival intergénérationnel et mélangé. Nous voulons que les jeunes puissent venir parce qu’ils vont entendre leurs artistes du moment et que les anciens puissent venir parce qu’ils vont entendre les artistes qu’ils ont connus quand ils étaient plus jeunes. Ce n’est pas le cas de cette année, mais la volonté de ce festival dans les années à venir est de mélanger les gens et qu’ils aillent à ce festival en groupe, en famille, avec les enfants, etc.
CM : Comment appréhendes-tu la première édition du festival ?
Carlos G. Lopes : Il s’agit de beaucoup de travail parce qu’il n’y a jamais eu quelque chose de cette ampleur qui a été fait à Nice, j’irai même jusqu’à dire en France. Il n’y a jamais eu de festival capverdien comme celui-ci. Il s’agit en quelque sorte du premier festival. Ainsi, nous découvrons plein de choses, même si j’ai déjà chanté dans plein de festivals, chanter dans un festival dont je suis dans l’organisation depuis le début, c’est totalement différent. Nous apprenons beaucoup de choses et nous restons positif en se disant que tout va bien se passer, que les gens vont être contents et que nous allons faire du beau travail. L’objectif est que, s’il y a des choses qui ne fonctionnent pas, nous les rectifions dans les années à venir.
CM : Tu nous as dit tout à l’heure que tu allais te produire au festival et que c’était un événement qui allait célébrer les 50 ans de l’indépendance du Cap-Vert. Comment vis-tu ta participation à cette édition qui met à l’honneur les 50 ans de l’indépendance ?
Carlos G. Lopes : Nous venons d’un pays qui a, d’un point de vue juridique, 50 ans. Cela reste quand même jeune. Me dire que je viens d’un pays qui fête ses 50 ans, c’est quelque chose de magique. Nous avons l’impression, avec ceux qui ont contribué à l’organisation de ce festival, de contribuer à quelque chose, à faire grandir et rayonner notre pays dans la diaspora.
CM : Ta musique est traditionnelle et enracinée dans la culture capverdienne. Que comptes-tu présenter au public niçois la semaine prochaine ?
Carlos G. Lopes : Je vais mélanger quelques chansons du premier album et du deuxième qui s’appelle Azul, sorti en 2023. L’objectif est de montrer qu’il y a un panel d’artistes capverdiens variés, très riches et de montrer que nous avons une culture très riche. A travers ce festival, ceux qui ne me connaissent pas pourront me découvrir et ceux qui ne connaissent pas non plus les autres artistes pourront les découvrir aussi. Le but est également de mélanger des gens qui débutent et des gens confirmés. Nous voulons faire rayonner et faire découvrir la culture capverdienne dans son ensemble.
CM : Pourquoi avoir choisi Nice pour cette première édition ?
Carlos G. Lopes : Tout simplement parce que j’ai grandi à Nice et qu’il y a énormément de Capverdiens dans la région. Si nous partons de Nice jusqu’à Marseille, il n’y a pas un festival qui nous représente. L’idée est d’avoir au moins un ou deux rendez-vous par an, où nous puissions mettre en valeur les traditions, que ce soit la cuisine, la danse ou la musique de notre île. Nous voulons aussi montrer à ce pays, à cette ville qui nous a accueillis et que nous fréquentons tous les jours, que nous ne nous connaissons pas si bien que cela. L’idée est d’avoir un rendez-vous par an, durant lequel nous allons présenter un panel de ce que nous considérons être la culture capverdienne. Je pense que cela permettra de créer un pont entre les cultures. Après avoir été très bien accueillis par la ville de Nice et la France, nous allons maintenant montrer une partie de nous-mêmes. Plutôt que ce soit toujours les autres qui nous définissent, nous nous définissons nous-mêmes et nous montrerons de quoi nous sommes capables.
CM : Penses-tu que la musique capverdienne peut jouer un rôle dans la transmission de l’histoire et des traditions du Cap-Vert, notamment auprès des jeunes ?
Carlos G. Lopes : Bien sûr ! Par exemple, je me sers beaucoup des histoires que me raconte ma grand-mère pour écrire mes chansons. Il y a de plus en plus de rappeurs capverdiens qui abordent ce thème. Je trouve cela intéressant.
Ce que faisaient les groupes mythiques comme Bulimundo, qui est un groupe mythique du Cap Vert dans le funaná, ce que faisait l’artiste Norberto Tavares qui est décédé, je trouve que nous entendons leurs revendications, leurs mécontentements, leurs messages à travers les rappeurs capverdiens. Je trouve cela très bien. A l’époque, c’était juste un genre, c’était le funaná ou le batuc qui avaient une sorte de revendication. Aujourd’hui, les revendications se diversifient à travers d’autres genres comme le rap et je trouve cela très bien.
CM : Après le Kooltura Festival, quels sont tes projets ?
Carlos G. Lopes : Après le festival, je vais faire la réédition de Azul avec trois autres titres avant la fin de l’année. Ce sera une manière de boucler Azul avant de passer à un autre album.
CM : Nous avons hâte d’aller écouter cela. Que dirais-tu à ceux qui hésitent à venir au Kooltura Festival ce 25 mai ?
Carlos G. Lopes : Qu’ils n’hésitent surtout pas. L’idée est de faire un festival convivial. Nous voulons retrouver cette énergie qu’il y avait à Nice il y a 20 ans, où nous nous retrouvions pour les baptêmes, pour les mariages dans des villas, dans un moment de convivialité où chaque chose était à sa place. Les jeunes jouaient entre eux, les anciens étaient en train de jouer aux cartes, de se raconter des histoires. Ceux qui étaient déjà adolescents ou majeurs étaient dans la salle des fêtes en train de danser.
Il n’y avait pas que des Capverdiens, il y avait toutes les communautés qui étaient invitées parce que les familles ont des voisins, des voisines et leurs enfants, à l’époque, allaient à l’école avec d’autres enfants.
Nous souhaitons retrouver cette chaleur qu’il y avait à Nice et ce mélange interculturel. Il y avait d’autres communautés qui étaient conviées et j’aimerais retrouver ces souvenirs-là qui sont ancrés en moi, à Nice, à travers ce Kooltura Festival.
CM : Pour finir, aurais-tu un message pour les lusodescendants ?
Carlos G. Lopes : Mon message est simple. Pour cette année des 50 ans des indépendances, parce qu’il n’y a pas que le Cap-Vert qui fête ses 50 ans, l’idée est de prendre les choses en main, de regarder là où il y a une faille, de se réunir et de régler cette faille. Par exemple, je suis dans la musique et je trouvais qu’il manquait un festival qui nous ressemble dans le sud de la France. Dans mon domaine, nous nous sommes réunis et nous avons essayé de créer quelque chose. Je pense que c’est ce qu’il faut faire dans tous les domaines, que vous soyez médecin, infirmier, femme de ménage, étudiant, étudiante, peu importe ce que vous faites, ce qu’il faut, c’est que nous puissions prendre les choses en main et ne pas laisser encore une fois les autres parler à notre place ou nous définir. C’est à nous de prendre cette place-là tout en respectant les choses, les lois, mais nous devons prendre les choses en main et je crois en la jeunesse pour ça.
CM : Merci beaucoup Carlos.
Carlos G. Lopes : Merci à toi.
N’oubliez pas de vous rendre le 25 mai au Kooltura Festival à Nice, au Théâtre de Verdure. Vous pouvez prendre vos places via : Billetterie Kooltura et les suivre sur : Instagram.
Vous pouvez également suivre Carlos G. Lopes : Instagram, Facebook, YouTube
Interview réalisée par Camille Vaz Folia.
Publié le 22/05/2025