Une Assemblée inédite : un basculement majeur vers la droite

Ce 18 mai 2025 ont eu lieu les élections législatives visant à élire les 230 députés de l’Assembleia da República. Moins d’un an après les élections de mars 2024, les
électeurs portugais ont de nouveau été appelés aux urnes à la suite de l’instabilité politique.

Le 11 mars dernier, Luís Montenegro, alors Premier ministre, s’est vu rejeter une motion de confiance au Parlement, provoquant la chute de son gouvernement. C’est la troisième élection législative en quatre ans, permettant de voir au plus près l’évolution des sensibilités politiques des électeurs portugais. C’est un résultat sans appel d’un basculement majeur vers la droite et d’une redéfinition de l’équilibre parlementaire.

Avec 32,72 % des suffrages, soit plus de 2,2 millions de voix, l’Aliança Democrática remporte 89 sièges et se maintient comme la première force politique du pays. C’est une coalition regroupant le PSD (Parti Social- Démocrate), le CDS-PP (Parti Populaire) et le PPM (Parti Populaire Monarchique). Ce sont 10 sièges de plus par rapport aux élections de 2024, venant conforter la position de Luís Montenegro par les électeurs, alors qu’il s’était vu rejeter une motion de confiance par le Parlement. Malgré que l’AD soit la première force politique à l’issue du scrutin, elle n’a pas de majorité absolue et va devoir cohabiter avec les oppositions politiques. Tout au long de la campagne, Luís Montenegro a affirmé qu’il ne s’allierait en aucun cas au parti.

58 sièges, c’est également le nombre de députés que Chega obtient à l’issue de ce scrutin, soit autant que le PS. Obtenant 22,56 % des suffrages, le parti d’extrême droite a recueilli moins de voix que le PS et se classe pour l’instant troisième des élections. Mais il envoie autant de députés au Parlement que le PS, témoignant de l’évolution du rapport de force depuis quelques années. En 2022, Chega envoyait 12 députés (1 seul en 2019) pour 400 000 voix ; 3 ans plus tard, ce sont 1 345 000 voix pour 58 députés. À la suite de ces élections, le parti peut se positionner comme une force politique majeure et de premier plan, même s’il est boudé par le parti au pouvoir. Il est à noter qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, les résultats des circonscriptions hors du territoire national ne sont pas encore connus. Il est possible que les derniers élus à être connus fassent basculer ces résultats, en faisant du PS ou de Chega la deuxième force politique
du pays. En effet, restent à déterminer les couleurs politiques des 4 députés pour les Portugais de l’Étranger (2 pour l’Europe et 2 pour le Reste du Monde).

Ayant obtenu la majorité absolue en 2022 avec 120 sièges, chutant à 78 députés en 2024, le PS a encore été moins plébiscité en 2025, avec seulement 58 sièges et 23,38 % des voix. C’est un véritable écroulement du PS au Portugal, qui a perdu plus de 900 000 électeurs en à peine 3 ans (2 302 000 en 2022 contre 1 394 000 en 2025). Le leader du PS, Pedro Nuno Santos, a annoncé sa démission dès les premiers résultats connus, reconnaissant la lourde défaite et appelant à un renouvellement de la direction du parti.

Les autres partis se retrouvent loin derrière. Iniciativa Liberal obtient 5,53 % des voix et décroche 9 sièges. Livre recueille 4,20 % et envoie 6 députés. La coalition du Parti communiste et des Verts capte 3,03 % pour 3 députés. Le Bloco de Esquerda se contente de 2 % des voix pour un seul député. Le PAN (Pessoas- Animais-Natureza) et le JPP (Juntos Pelo Povo) complètent le Parlement en envoyant respectivement un député chacun. La participation est en légère baisse par rapport aux dernières élections, avec 64,38 % contre 66,23 % (sur le territoire national), mais bien supérieure aux élections précédentes, révélant une constance dans le regain d’intérêt des citoyens à propos de la vie politique de leur pays.

Victor Soares
Étudiant à l’Université de Rennes 1