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15 mai 2020L’enseignement secondaire en danger à Clermont-Ferrand!
18 mai 2020En cette période si particulière, il ne faut pas oublier les causes qui nous tiennent à cœur et profiter du temps que nous avons pour encore plus les défendre et les diffuser. Notamment parce que la visibilité d’une communauté, d’une minorité, sera dans les mois à venir mise à rude épreuve.
« Rien n’est jamais définitivement acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez rester vigilantes » disait déjà Simone de Beauvoir. Cette citation féministe est totalement transposable à la réalité de la communauté LGBT. Et c’est donc ce de quoi nous allons ici traiter. N’en déplaise à beaucoup, encore beaucoup trop !
Beaucoup d’avancées en matière de droits ont vu le jour pour la communauté LGBT, mais il reste encore tant de chemin à parcourir et les montées des extrémistes politiques, en Europe ou dans le reste du monde sont un véritable danger pour toutes les batailles déjà gagnées et celles qu’il reste encore à remporter.
Une situation d’urgence se déroule sous nos yeux, cette radicalisation de certains états comme la Pologne sur la question des droits LGBT et plus particulièrement sur « les zones de non-droit pour la communauté LGBT » n’aura sûrement échappée à personne.
Un constat assez simple est démontré par le baromètre de l’Association internationale lesbienne et gay, ILGA, qui montre une progression significative sur le respect des droits et la pleine égalité entre tous, indépendamment de l’orientation sexuelle en Europe, si on omet les pays d’Europe de l’Est. Même si aucun pays d’Europe n’arrive encore à un taux d’acceptation de 100%, doux rêve de n’importe quelle personne concernée, on peut constater que Malte arrive en tête de ce classement avec 80% d’acceptation (classement qui classe la situation politique et sociétale des personnes LGBT, sur 69 critères). Le Portugal quant à lui flirte avec les 69% et la France se situe aux alentours de 63%. On voit cependant qu’il reste encore beaucoup à faire puisque près de 7 pays en Europe définissent dans leurs constitutions le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme ; 6 d’entre eux interdisent encore toute forme d’union entre couple du même sexe, même civile. Il est urgent d’agir pour une avancée globale et massive dans la même direction, celle des droits LGBT !
L’Union Européenne (UE) peut-elle aller plus loin, tant qu’elle permettra aux différents pays membres, d’opter de façon unilatérale pour une politique de répression contre la communauté LGBT, comme c’est le cas actuellement dans les différents pays de l’Est européen, tout particulièrement en Pologne ?
La France agit déjà sur ce point. Plusieurs municipalités ont déjà annoncé ne pouvoir accepter ces prises de décisions des villes de Pologne et annoncent la suppression de jumelages à l’exception des échanges universitaire, pouvant ainsi offrir l’exil aux étudiants LGBT qui le souhaitent ; et demandent aux villes ayant adopté ces politiques de répression contre la communauté LGBT de les cesser immédiatement ou les menacent de sanctions plus graves.
La suppression des fonds et dotations européens menace également ces états, ne respectant plus par leurs mesures les droits de l’Homme et adoptant clairement une politique ouvertement anti-LGBT.
L’UE n’est pas la plus mauvaise élève, puisqu’il suffit d’observer la Carte du Monde émise par l’Association ILGA, mise à jour en décembre 2019 à l’occasion de la journée mondiale des droits de la personne, où seuls sept pays défendent de façon constitutionnelle leurs citoyens LGBT.
Sept pays dans l’immensité du Monde, cela représente une goutte d’eau dans un Océan, une goutte d’eau quand on constate que près de 74 pays criminalisent, encore, les rapports sexuels consentis entre adultes de même sexe, dont douze qui le sanctionnent par la peine de mort.
L’homophobie prolifère aussi vite que les mauvaises herbes dans un potager. Une réponse législative forte est donc nécessaire dans chaque pays, à l’image du Portugal qui fait partit des sept pays mondiaux qui protège le mieux les citoyens LGBT de façon constitutionnelle. Il faut donc maintenir le cap dans cette lutte, à l’heure de cette crise sanitaire sans précédent ou certains responsables religieux, annoncent que le Covid-19 est une réponse divine contre la communauté LGBT.
La visibilité de cette minorité est quant à moi primordiale, pour intégrer l’homosexualité dans la vie quotidienne de l’ensemble de la population mondiale. Dans cette optique de visibilité et pour contrer le fléau que deviennent les LGBTphobies sur Internet, un collectif d’associations et de personnalités a vu le jour sur les réseaux sociaux. #EnsembleSurInternet, collectif ayant pour but de lutter contre toute forme de discrimination ou de haine sur internet, initiative de : Urgence Homophobie, Stop Homophobie, Touche pas à mon Pote, Cool Kids Féministes, Union des étudiants juifs de France, SOS Racisme.
Tout comme l’initiative d’Urgence Homophobie il y a tout juste un an qui a mis en ligne un clip vidéo « De l’Amour », qui a permis de réunir autour d’une chanson plus de 70 artistes à fort pouvoir médiatique, dont Muriel Robin, Bilal Hassani, Marc-Olivier Fogiel, Christiane Taubira et tant d’autres. Et dont je vous laisse ici un extrait du titre : « De l’Amour, à chaque instant, à chaque jour, de l’Amour, sans limite et sans retour »
Toutes ces actions sont essentielles notamment après les annonces de la suppression de nombreux évènements pour agir en faveur de la communauté LGBT, après l’annonce du report de la GayPride de Paris ou de l’annulation du festival Solidays.
Les lusodescendants gays en France
La situation des Portugais et/ou lusodescendants LGBT en France est particulièrement difficile du fait de l’accumulation des contraintes de faire partie de deux « minorités ».
Chacun doit gérer les questions de son intégration en tant que portugais ou fils de portugais, en plus des questions de discrimination liée à son orientation sexuelle.
Beaucoup de ces Portugais vivent dans des petits foyers et en cas de rupture familiale, ils s’exposent à une très grande précarité, en plus d’être seul, avec moins de soutien du fait d’être loin de leur pays d’origine. La situation d’immigré peut donc aggraver les difficultés déjà vécues au Portugal.
En 2017, lors d’un dossier consacré à la cause LGBT, le CAPMag avait eu le privilège d’échanger avec des lusodescendants faisant partie de cette communauté (https://capmagellan.com/progressos-e-retrocessos/=. Alexandre avait 20 ans au moment de son témoignage. Alexandre dit être particulièrement attentif aux réalités des deux pays et trouve que la plus grande différence de traitement n’est pas réellement propre au pays Portugal ou France mais entre les grandes villes et les localités moins importantes. Francisco avait lui 19 ans au moment de son témoignage. Bien qu’il trouve que le Portugal soit plus ouvert sur cette thématique, selon lui, la principale difficulté d’être gay aujourd’hui, c’est l’acceptation des autres. Les coutumes et religions sont les principaux obstacles que Francisco juge absurdes. Et ajoute que personne ne devrait être forcé à cacher son orientation sexuelle ou à faire un « coming-out ». Ana, 16 ans, que tous ont récemment vue dans l’émission The Voice, elle n’a aucun tabou à s’assumer comme appartenant à la communauté LGBT. Dans une récente interview avec le CAPMag, Ana explique que le choix de son interprétation de « Ma Reine » d’Adèle était aussi une façon pour elle de passer le message sur la nécessaire acceptation de l’homosexualité et de sa normalité par tous les téléspectateurs de l’émission, les plus jeunes comme les plus vieux. Bien que son entourage soit plutôt ouvert d’esprit, Ana souligne l’indispensabilité de la société d’avancer en la matière et n’hésite donc pas à se porter garante de la cause !
N’oublions pas que ce n’est pas seulement le 17 Mai qu’il faut se mobiliser contre l’homophobie ou la transphobie mais c’est bien toute l’année qu’il faut se hisser contre toute forme de haine, en utilisant notamment les réseaux sociaux, ensemble agissons !
João Lisboa
Sources : ILGA, CAPMag 268 septembre 2017