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24 septembre 2019Les Galeries Jeanne Bucher Jaeger, à Paris, accueilleront du 20 septembre au 16 novembre les oeuvres de l’artiste d’origine portugaise, naturalisée française en 1956, Maria Helena Vieira da Silva.
Le projet marque la continuation d’un lien historique entre l’artiste et la marchande d’art Jeanne Bucher (1872-1946), qu’elle surnommait « Notre-Dame de Paris », qui fut la première à vendre et à exposer ses peintures. Les deux femmes se rencontrèrent au début des années 1930 et demeurèrent proches tout au long de leur vie. Plus de quatre-vingt ans après la première exposition que lui consacre Bucher, les œuvres de Vieira da Silva reviennent à l’endroit où tout a commencé. Fruit d’une collaboration avec deux autres galeries d’art, l’exposition itinérante traversera ensuite la Manche pour rejoindre la Waddington Custot à Londres puis l’Atlantique, pour être présentée au Di Donna à New York.
Née en 1908 à Lisbonne, Maria Helena Vieira da Silva est issue d’un milieu bourgeois et artistique. En 1928, elle emménage à Paris, où elle se forme à l’école d’art de l’Académie de la Grande Chaumière, notamment auprès du sculpteur Antoine Bourdelle. Elle y rencontre le peintre hongrois Árpád Szenes, qu’elle épouse en 1930. S’intéressant d’abord à la sculpture, elle se dévoue très rapidement à la peinture. Adoptant un style abstrait et géométrique, elle s’inspire tant de l’oeuvre de grands peintres contemporains tels que Cézanne ou Bonnard, que des azulejos portugais. Ses peintures commencent à être exposées à Paris en 1937 mais l’arrivée de la Seconde Guerre Mondiale poussa son mari et elle à partir au Portugal puis au Brésil. De retour en France en 1947, son œuvre continua à être défendue et promue par le petit neveu de Jeanne Bucher, Jean-François Jaeger, qui reprît le flambeau suite au trépas de cette dernière. En plus de ses peintures, elle produisit des illustrations pour des livres de jeunesse (Kô & Kô, les deux esquimaux) ainsi que pour des ouvrages d’éminents écrivains, tels que le poète français René Char ou bien Leopold Sédar Senghor, ancien président du Sénégal. Dans les années 1970, elle dessine également plusieurs vitraux modernes, aux motifs abstraits, pour l’église Saint-Jacques de Reims, que l’on peut toujours admirer à ce jour.
Sa renommée internationale est incontestable à partir des années 1960.
En 1961, elle remporte le prix de peinture à la biennale de Sao Paulo, et en 1966, le grand prix national des arts du gouvernement français, devenant ainsi la première femme à en être distinguée. Sa ville d’élection, Paris, lui consacre à deux reprises de grandes exposition, l’une au Grand Palais en 1988 de son vivant, et l’autre au Centre Pompidou en 1994, deux ans après son décès à l’âge de 83 ans. Peu de temps avant sa mort, fut inaugurée la Fondation Árpád Szenes – Vieira da Silva à Lisbonne, un musée abritant les œuvres des deux époux. Le reste de ses œuvres se trouve dans les collections de grands musées tels que le MoMA de New York, le Centre Pompidou, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ou la Tate Modern de Londres.
L’exposition que lui consacrent les trois galeries présentera des œuvres emblématiques de sa carrière d’artiste et donnera à réfléchir sur sa représentation de l’espace, entre abstraction et poésie, sur “son sens du labyrinthe, sa magie des arêtes”, pour reprendre les mots de son ami René Char.
Les Galeries Jeanne Bucher Jaeger
5 rue de Saintonge 75003 Paris
Du 20 septembre au 16 novembre – mardi au samedi
Caroline Gomes
Paru dans le CAPMag de septembre 2019
capmag@capmagellan.org